C’est en Australie que dès les années 1960 a germé l’idée d’utiliser des moyens techniques de communication pour dispenser un enseignement à distance. A l’époque les moyens en question étaient la radio, la télévision et, dans une moindre mesure, le téléphone.

Ainsi, en Australie l’enseignement par radio VHFa été inauguré en 1966 afin de permettre à des élèves vivant à des centaines et des centaines de kilomètre de la moindre école de pourvoir bénéficier d’une scolarité à peu près normale. Les écueils étaient nombreux car les techniquesutilisées à l’époquene permettaient pas aux enseignants d’avoir des interactions avec les élèves et de pouvoir leur montrer des documents ou des images.

L’arrivée d’internet a tout changé notamment pour ce pays-continent où la formation sur la Toile pour les écoles primaires a commencé en 2002.  C’était il y a déjà plus de deux décennies !

L’enseignement à distance interactif (IDL)a permis en Australie d’offrir un enseignement de qualité aux élèves grâce notamment à son interactivité. Un journaliste, observateur de ce type d’enseignement, le décrivait ainsi : « L’écran que regarde l’élève est séparé en trois parties. A gauche, l’enfant peut voir son professeur. Sur la droite figure un tableau blanc sur lequel l’enseignant écrit grâce à un crayon électronique. En bas, plusieurs boutons sur lesquels l’écolier peut cliquer grâce à sa souris lui permettent de parler, d’appeler son maître ou de prévenir qu’il va s’absenter pour quelques minutes. ». (Marco Rangi Enseignement à distance dans le bush australien. Les Echos)

Ce petit détour historique nous permet de mesurer le chemin parcouru car tout ce que décrivait ce journaliste avec enthousiasme nous semble aujourd’hui d’une grande banalité. Aujourd’hui nous avons tous recours à l’un ou l’autre des moyens mis à notre disposition pour former, ou nous former, à distance.Nous trouvons normal d’avoir des interactions avec la formatrice ou le formateur mais aussi entre les apprenants.

La crise sanitaire a accéléré le mouvement ; désormais la question qui se pose est :  comment optimiser la combinaison des deux modes de formation le mode classique, rebaptisé « présentiel »et le mode nouveau nommé « distanciel » ?

Ces deux modes sont appelés à cohabiter, il est donc désormais utile de recourir à leur hybridation et de tirer ainsi le meilleur parti de chacun d’entre eux.

Pour cela il est utile de faire le point sur les avantages et les inconvénients de ces modes de formation.

Pour ce qui est de la formation en mode présentiel nous connaissons ses avantages qui sont nombreux. Ainsi, la présence du formateur permet d’incarner les savoirs ou les savoir-faire transmis et de tenir compte du langage verbal et non verbal des apprenants. En balayant la salle du regard, la formatrice ou le formateur a la capacité de suivre les signaux qu’émet chaque apprenant et tenir compte de ces signaux. Les apprenants ont également de nombreuses interactions avec la formatrice ou le formateur et entre eux. Ces interactions leur permettent de se mettre en mode coopération et/ou en mode émulation notamment dans le cadre du travail en sous-groupes. Ces interactions prennent des formes diverses dont des formes ludiques propices à conférer une dimension humaine aux apprentissages. Les moments de pause sont également des moments favorables au développement de compétences relationnelles qui peuvent être transférées dans le domaine professionnel.

Cependant, le mode présentiel est couteux car il nécessite des moyens matériels tels que les salles et les déplacements.

De son côté, la formation en mode distanciela l’atout de la nouveauté et offre de véritables avantages.Au premier chef la souplesse dans la gestion du temps et de l’espace qui apparait comme l’avantage majeur de ce mode de formation.

Dans le cadre d’une formation individuelle, c’est incontestablement un réel avantage car les cours dispensés à distance permettent à chaque apprenant d’étudier à son rythme et en fonction d’un agenda défini conjointement avec la formatrice ou le formateur. Il aura ainsi la capacité de planifier ses sessions de formation en de gérer son planning en tenant compte de toutes ses autres occupations. Ceci est vrai pour les cours à distance individualisés mais c’est beaucoup moins vrai pour les formations en groupe en mode distanciel.

Les cours à distance en mode strictement individuelsont donc parfaitement adaptés à des personnes qui souhaitent se formertout en ne pouvant pas mobiliser des journées entières car elles ont d’autres obligations professionnelles ou personnelles.

L’autre avantage,que ce soit en mode strictement individuel ou en groupe, c’est le fait de pouvoir suivre ces formations où que l’on soit même en déplacement ou en voyage dès lors que l’on a une connexion internet stable et fiable.

En revanche, dans le cadre d’une formationdistancielleen groupe le planning est imposé et doit être respecté par les apprenants. Toutefois, l’avantage de pouvoir suivre la formation de n’importe quel lieu demeuredès lors que l’on a une connexion internet. Il y a également un autre avantage c’est le gain de temps pris sur les transports et les effets positifs en termes environnementaux même si l’internet est gourmand en énergie.

Un autre avantage de la formation à distance réside dans la réduction des coûtsimmobiliers et des frais de transports.

Ainsi donc la formation en ligne présente de nombreux avantages mais elle a aussi quelques inconvénients. Le plus saillant est la difficulté à faire un suivi et un soutien de tous les apprenants en tenant compte de la spécificité des capacités d’apprentissage et des rythmes de chacun. En effet, les profils des apprenants sont très divers etcertains ont besoin d’un contact personnel avec leurs formateurs pour être en mesure d’apprendre.Cette dimension physique et mimétique leur est indispensable pour se sentir en confiance puis s’intéresser à la formation  et s’impliquer.

Le mouvement de va et vient (feed-back) entre le formateur et l’apprenant qui se fait naturellement en salle de formation estplus difficile à réaliser à distance et cela peut susciter une réserve chez certains apprenants qui se replient sur eux-mêmes etparticipentpeu ou pas aux discussions en ligne ; ils peuvent même se déconnecter.

Une autre limite est la nécessité d’avoir une rigueur et ponctualité dans la gestion du temps et une autodiscipline car il faut se connecter à temps et être prêt à « entrer en formation » sur tous les plans : disponibilité, tranquillité du lieu, tenue vestimentaire etc. car il faudra utiliser la caméra.

Si l’apprenant manque d’autodiscipline cela crée une spirale négative avec une baisse progressive de la motivation pour suivre la formation. Pour pallierce problème, il est nécessaire de mettre en place un système de suivi personnalisé.

Enfin, pour êtresûr que le savoir transmis a bien été intégré par les apprenants il est nécessaire de vérifier régulièrement les acquis par des exercices et des quiz de manière plus fréquente qu’en mode présentiel.

Mais réjouissons-nous car désormais notre communauté de formatrices et de formateurs dispose de deux grands modes de transmissions ; c’est une chance dont il faut se saisir.

Nous nous devons d’en tirer le meilleur partiet pour cela il convient d’hybrider les deux modes.

Pour les formations techniques à forte composante « savoir et savoir-faire »,il est possible de privilégier la formation en mode distanciel avec quelques séquences en mode présentiel qu’il appartient à chaque équipe pédagogique de définir en fonction de la durée de la formation et du profil des apprenants.

En revanche, pour les formations managériales, commerciales etc. à forte composante « savoir et savoir-être », il est souhaitable de privilégier la formation en mode présentiel avec quelques séquences en mode distancielqu’il appartient à chaque équipe pédagogique de définir en fonction de la durée de la formation et du profil des apprenants.