Nous vu dans les articles précédents quelles étaient les principales avancées et évolutions positives qui résultent de la réforme de la formation professionnelle de 2018. Dans l’article suivant, partant du principe que comme en toutes choses il y a des limites et des difficultés, nous avons passé en revue quelque unes d’entre-elles.
Il nous a semblé utile cette fois-ci de tenter une analyse comparée des systèmes français et allemand de formation professionnelle. Pourquoi l’Allemagne ? Parce que c’est notre principal partenaire économique, politique et stratégique en Europe.
Il ne fait pas mystère que les systèmes de formation professionnelle sont différents selon les pays et cela même au sein de l’Union européenne. En la matière les pays de l’UE conservent leurs spécificités en dépit des efforts qui ont été faits pour aller vers davantage d’harmonisation. Cela résulte de la culture propre à chaque pays.
En effet, les politiques publiques en matière d’instruction, d’éducation et de formation professionnelle sont différentes selon les pays car elles sont le fruit d’une histoire spécifique, reflètent les traditions culturelles de chaque pays, répondent, bien ou mal, à ses besoins économiques et font l’objet de débats internes aux différentes sociétés.
La France et l’Allemagne n’échappent pas à cette règle. Nous allons donc examiner quelques caractéristiques spécifiques au système allemand qui nous éclaireront en creux sur notre propre système.
Les principales caractéristiques du système de formation professionnelle allemand sont : le prestige dont jouit cette filière, le caractère systématique de l’alternance, l’importance des normes, l’étroite collaboration entre les entreprises et les acteurs de la formation et l’apprentissage tout au long de la vie.
Dans cet article nous allons aborder deux aspects : le prestige dont jouit cette filière, le caractère systématique de l’alternance. Nous reviendrons dans un article qui suivra sur les autres caractéristiques et conclurons par une brève comparaison avec notre propre système.
La formation professionnelle jouit d’un véritable prestige en Allemagne car elle est considérée comme une des voies de réussite économique et sociale. Cette valorisation sociale de la formation professionnelle se manifeste de différentes façons. Ainsi, nombre de dirigeants et de cadres sont issus de cette filière et bénéficient de la même reconnaissance sociale que ceux issus de la filière universitaire ou académique à laquelle prépare le fameux Gymnasium. Autre exemple, il existe en Allemagne un système de perméabilité entre les filières avec une reconnaissance des cursus et des équivalences entre les filières professionnelles et académiques. Ces passerelles favorisent les échanges ainsi qu’une relative harmonisation des formations. Elles permettent aux acteurs des différentes filières de mieux se connaitre et atténuent, sans toutefois les gommer complètement, les hiérarchies symboliques des formations et des diplômes.
Un autre aspect intéressant à relever est le caractère dual de la formation professionnelle. Cette dualité permet systématiquement aux étudiants et apprenants d’alterner entre la formation en entreprise, basée sur la pratique, et la formation en établissement d’enseignement, basée sur la théorie. Certes cela existe dans pratiquement tous les pays mais en Allemagne son caractère systématique en fait une véritable institution. Cela a également un effet sur la perception de la pratique professionnelle qui semble aux yeux de tous les acteurs comme une dimension constitutive de l’apprentissage et, à ce titre, aussi valorisée que la dimension théorique. Il y a là une véritable spécificité allemande.
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